La Thérapie Primale a été élaborée par Arthur Janov (Psychologue américain) vers la fin des années soixante. Il en a exposé les grandes lignes dans son ouvrage « Le Cri Primal » publié en 1970. Cet ouvrage révolutionnaire dans le domaine de la psychothérapie eut un immense succès auprès du public, il fut vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit en dix-sept langues. Ce succès s’explique probablement par le fait que les lecteurs avaient eu le sentiment d’être compris, que Janov décrivait précisément ce qu’ils vivaient et qu’un espoir de soulagement devenait possible.
Par la suite Janov a publié une douzaine d’ouvrages, écrit de nombreux articles et mené plusieurs recherches scientifiques sur son travail en collaboration avec des laboratoires universitaires dans le souci d’objectiver ses résultats et de donner une base scientifique au processus thérapeutique. Depuis 1998, il tenait un blog sur Internet consacré à la Condition Humaine. Il est décédé le 1 octobre 2017 à Los Angeles.
La Souffrance Primale
Pour Arthur Janov l’Inconscient humain n’est ni mystique, ni machiavélique, ni insondable. Pour lui l‘Inconscient est pour l’essentiel constitué des souffrances de l’enfance. Les carences affectives, l’insatisfaction des besoins fondamentaux, les atteintes à l’image de soi (blessures, humiliations…), les traumatismes psychologiques ou physiques (particulièrement celui de la naissance), la violence éducative et les relations névrotiques avec le milieu constituent la matière de ces souffrances. N’étant ni supportables ni intégrables pour l’enfant qui est dépendant, vulnérable et en plein développement, ces souffrances sont refoulées et maintenues hors de la conscience. Elles déterminent l’histoire et la personnalité du sujet et constituent ce que Janov a appelé la Souffrance Primale.
Cette dernière est constituée de l’ensemble des sentiments primals, des sensations primales et de leurs corollaires cognitifs ultérieurs liés à toutes sortes de souffrances mais plus fondamentalement à celle de ne pas avoir été aimé.
« Cette multitude de relations qui s’établissent entre les parents et l’enfant et où sont déviés ses besoins naturels, ses besoins primals, signifie que celui-ci souffre. Elle signifie qu’il ne peut à la fois être ce qu’il est et être aimé. Ce sont ces souffrances profondes que j’appelle souffrances primales. Les souffrances primales sont les besoins et les sentiments réprimés ou niés par la conscience. » Arthur Janov, Le Cri primal, 1970, p 21.
La Souffrance Primale est présente partout dans le système psychobiologique humain, elle génère une Tension chronique (psychique et musculaire) et une foule de symptômes. Janov a une vision unitaire de l’être humain, le corps et l’esprit sont unis fonctionnellement autant dans la santé que dans la maladie. C’est en ce sens qu’à l’instar de Wilhelm Reich, Janov ne parle pas de « psychothérapie » à propos de la Thérapie Primale mais d’une approche psychobiologique.
« La névrose est une manière d’être, et sa principale caractéristique est la tension. La tension névrotique commence quand la souffrance est refoulée, qu’elle ait une origine physique ou psychologique. Chaque fois qu’une expérience n’est pas ressentie parce qu’elle ne peut pas être intégrée, il en résulte la tension. La tension s’accumule à chaque refoulement jusqu’à un certain niveau critique où la personne est plus refoulée et défendue qu’elle ne ressent, qu’elle est plus irréelle que réelle, plus irrationnelle que rationnelle. Nous appelons cet état la névrose. Il est possible d’être tendu sans névrose ; mais il est impossible d’avoir une névrose sans tension. » Arthur Janov, La Révolution Primale, 1972, p 18.
« Tout homme est une entité psychophysique et je crois que toute approche qui divise cette unité est vouée à l’échec. » Arthur Janov, Le cri primal, 1970, p 41.
Tout comme S. Freud, Janov pense que le refoulement de la Souffrance est le principal mécanisme de défense utilisé par le sujet pour se préserver. Mais cette sauvegarde entraîne des inconvénients majeurs : une inconscience de Soi et un engourdissement du corps qui vont limiter la perception de Soi et des autres.
« Nous sommes inhumains dans la mesure où nous sommes incapables de ressentir. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 111.
Le clivage entre le Moi Réel et le Moi Irréel
La Souffrance Primale structure le Caractère en procédant à un clivage de la personnalité en un Moi réel (Real Self) et un Moi irréel (Unreal Self). Ces notions sont proches des entités du Vrai Soi (True Self) et du Faux Soi (False Self) décrites par Donald Winnicott ou Alice Miller.
« En tant qu’objet narcissique de sa mère, l’enfant sera passionnément « aimé » d’elle, mais pas de la façon dont il en aurait besoin. Et toujours à la condition qu’il n’abandonne pas son Faux Soi. Ceci n’est pas un obstacle au développement de ses facultés intellectuelles, mais risque d’empêcher l’épanouissement de la vie émotionnelle authentique. » Alice Miller, Le drame de l’enfant doué. A la recherche du vrai Soi, 1979, p 26.
« Le névrosé est en général trop préoccupé d’être lui-même pour se rendre compte qu’il ne l’est pas. » Arthur Janov, Le Cri primal, 1970, p 68.
Pour Janov, le Moi Réel est le vrai Moi, originaire, authentique, naturel, c’est celui qui incarne les besoins réels et qui désire ce dont il a besoin ; mais c’est aussi celui qui a souffert. Le Moi Irréel constitue la façade, le masque, la partie du Moi qui s’est adaptée à l’environnement social névrotique et qui incarne les besoins névrotiques, bref c’est le Moi névrotique.
« La névrose ne commence pas dès l’instant où l’enfant réprime ses sentiments pour la première fois, mais on peut dire que c’est à ce moment-là que commence le processus névrotique. L’enfant se forme par étapes. A chaque besoin refoulé, à chaque frustration, l’enfant se ferme un peu plus sur lui-même. Mais il arrive un jour où un seuil critique est atteint, où l’enfant est essentiellement fermé sur lui-même, où il est davantage irréel que réel et, à ce moment-là, on peut dire qu’il a basculé dans la névrose. A partir de ce jour, il vit selon un système de double moi : le moi réel et le moi irréel. Le moi réel représente les sentiments et les besoins réels de l’organisme. Le moi irréel est la couverture de ces sentiments, c’est la « façade » qu’exigent les parents névrotiques pour satisfaire leurs propres besoins. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 21.
« Chaque fois qu’un enfant n’est pas pris dans les bras, chaque fois qu’on le fait taire ou qu’il est ridiculisé ou ignoré, on le rend plus irréel et plus névrotique. La névrose étant fondée sur le clivage, elle entraîne l’étouffement de la personnalité réelle, et l’individu est de plus en plus conduit à jouer des rôles dans lesquels il se perd. » Edmond Marc, La Thérapie Primale dans le Guide des nouvelles thérapies, 2000, p 67.
A l’origine les sentiments et les besoins réels de l’enfant représentaient un danger pour ses parents.
« Mais, en fait, qui s’acharne à ce que les normes de la société soient respectées, qui poursuit tous ceux qui s’en écartent et les cloue au pilori – sinon les gens véritablement « bien » éduqués ? Ce sont des êtres qui ont appris à accepter leur mort psychique dans leur enfance, et qui ne la ressentent que lorsqu’ils rencontrent la vie chez les enfants ou les jeunes. Il faut alors qu’ils tuent cet élément vivant pour qu’il ne leur rappelle pas leur propre perte. » Alice Miller, L’enfant sous terreur, 1986, p 118.
Par la suite, le « Moi Réel » de l’enfant devient un danger pour lui-même, il en vient à redouter et à rejeter ses propres sentiments et ses besoins naturels afin de ne pas perdre l’amour et la protection des parents.
« Pour le névrosé : être réel devient un danger en soi. » Arthur Janov, L’amour et l’enfant, 1973, p 123.
La névrose
La névrose est une distorsion du Moi authentique
La névrose est liée à la présence et à la pression interne de la Souffrance Primale et de tout un système de défense pour s’en préserver. C’est une modification profonde, une distorsion du Moi qui structure le Caractère, la Personnalité et l’apparence corporelle afin de les adapter à un environnement névrotique. Cette adaptation implique que l’enfant n’ait plus de comportements réels mais des comportements symboliques et des déjouements. Elle implique également des manières d’être, des traits de caractère, des sentiments et des symptômes problématiques, soit pour l’enfant lui-même, soit pour l’environnement familial et social. On peut alors distinguer les enfants qui se soumettent au milieu névrotique familial : les « Avec », les enfants qui se rebellent : les « Contre » et les enfants qui se distancient et s’isolent : les « Sans ». Tous ces processus peuvent aboutir à ce que l’on désigne aujourd’hui par le terme de Personnalité pathologique.
« La névrose est un comportement symbolique de défense contre une souffrance psychobiologique excessive, et elle se perpétue car des satisfactions symboliques ne peuvent satisfaire des besoins réels. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 19.
« La névrose implique qu’un individu est ce qu’il n’est pas afin d’obtenir quelque chose qui n’existe pas. Si l’amour de ses parents existait, l’enfant serait ce qu’il est ; car aimer, c’est laisser l’autre être ce qu’il est. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 23.
« Quand nous en arrivons au point où nous refoulons beaucoup plus que nous ressentons, où nous sommes plus irréels que réels, alors nous pouvons considérer que nous sommes névrosés. Mais la névrose n’arrive pas à un moment précis. C’est un processus dynamique. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 29.
Émotions et raison
La névrose implique une séparation et une déconnexion du corps et de l’esprit. Bien avant Antonio Damasio (1994), Janov affirme, dès 1980, que la véritable rationalité ne s’établit qu’avec le corps et les émotions.
« Je suggère seulement que, par certains côtés, la capacité d’exprimer et ressentir des émotions est indispensable à la mise en œuvre des comportements rationnels. Et lorsqu’elle intervient, elle a pour rôle de nous indiquer la bonne direction, de nous placer au bon endroit dans l’espace où se joue la prise de décision, en un endroit où nous pouvons mettre en œuvre correctement les principes de la logique. » Antonio Damasio, L’erreur de Descartes. La raison des émotions, 1995, p 9.
« Une véritable rationalité n’est rendue possible que par des rapports harmonieux entre les sentiments et l’intellect. » Arthur Janov, Prisonnier de la souffrance, 1980, p 72.
« Ce qui est normal, c’est d’être capable de penser ce que l’on ressent et de ressentir ce que l’on pense. » Arthur Janov, Primal Man, 1975, p 100.
« Dans l’histoire de la psychologie, les émotions ont toujours été abordées avec méfiance. Elles étaient considérées comme des intruses envahissant notre esprit pour nous rendre irrationnels. En fait, le terme » émotif » a toujours été identifié à » irrationnel « . Nous savons aujourd’hui que seules les émotions non ressenties peuvent faire dévier notre esprit. Les sentiments, d’eux-mêmes et en eux-mêmes, sont suprêmement rationnels. Ils ont leur logique propre et lorsqu’ils sont ressentis, ils font apparaître les raisons d’une grande partie de notre comportement… Ainsi ne pas être émotionnel c’est être irrationnel. Être émotionnel, c’est être rationnel. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 72.
Personnalité et idéologie
Non seulement la coupure avec nos propres sentiments émousse notre sensibilité, mais elle nous impose d’avoir des idées irrationnelles, rigides et défensives liées au refoulement de notre Souffrance. Ces idées issues de notre Souffrance déterminent notre vision du monde et surtout nos conceptions de la parentalité formant de véritables idéologies éducatives.
Cette idée janovienne rejoint celle de Wilhelm Reich sur l’identité fonctionnelle du Caractère et de l’Idéologie.
« Les idées issues d’une Souffrance précoce réprimée constituent les implications intellectuelles du traumatisme de la naissance. Leur tâche consiste à maintenir nos croyances, notre philosophie, nos idéologies et nos positions politiques en accord avec notre réalité interne réprimée. Il s’agit d’un cycle. Les événements de la naissance et de la prime enfance forgent les caractéristiques de notre personnalité et notre disposition émotionnelle, puis nous justifions et renforçons tout cela en adoptant des idées qui, à leur tour, renforcent notre façon d’être. De cette manière, un début névrotique engendre des conséquences qui se perpétuent d’elles-mêmes. » Arthur Janov, Empreinte, 1982, p 198.
« Convaincre quelqu’un de renoncer à une idée « irrationnelle », c’est vouloir le persuader d’oublier son histoire. » Arthur Janov, L’amour et l’enfant, 1973, p 68.
« L’esprit invente des concepts pour rationaliser ce que le corps ne peut pas ressentir. » Arthur Janov, L’amour et l’enfant, 1973, p 70.
« La personne défend ses idées parce que celles-ci la défendent. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 36.
L’origine de la névrose
Il est clair que pour Janov l’origine de la névrose est sociale, familiale : on ne naît pas névrosé, on le devient… avec des parents névrosés et dans un milieu névrosé, répressif où règne ce qu’Alice Miller appelait la » Pédagogie noire « .
« C’est la vertu même des situations névrotiques : faire sans histoires ce que quelqu’un d’autre désire qu’on fasse. » Arthur Janov, L’amour et l’enfant, 1973, p 171.
« Je crois que le meilleur moyen de connaître un individu est de regarder quels rapports il entretient avec ses enfants. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 184.
Sur l’étiologie sociale des névroses Janov rejoint Wilhelm Reich, Alice Miller, Aletha Solter … et même le jeune Sigmund Freud dans sa première théorie du traumatisme psychique ; ainsi que tous les tenants de la Théorie de la relation d’objet et du traumatisme.
A cette théorie s’opposent la Théorie des pulsions et tous ceux qui pensent que l’origine de la névrose est interne et liée aux pulsions intrinsèques de l’être humain (dualisme pulsion de vie/ pulsion de mort, théorie de l’agressivité primaire, primauté du fantasme sur le traumatisme). Sigmund Freud dans sa deuxième théorie étiologique (théorie du fantasme), Mélanie Klein, et un grand nombre de psychanalystes contemporains représentent ce courant.
La position de Janov est claire et radicale : la névrose de l’enfant ne provient pas seulement de la répression sexuelle, de la violence parentale ou même de la personnalité des parents, elle provient fondamentalement de la névrose des parents. Il ne s’agit plus d’accuser le parent et particulièrement la mère mais de considérer la névrose du parent, affection devenue désormais planétaire.
« La théorie primale comprend le comportement du névrosé comme l’abdication des besoins personnels par déférence aux besoins et aux désirs des parents. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 168.
« La raison principale pour laquelle les enfants deviennent névrosés, est à mon avis le fait que leurs parents sont trop accaparés par la lutte qu’ils mènent contre leurs propres besoins infantiles insatisfaits. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 24.
Enfin, Janov insiste sur l’importance des traumatismes dans la structuration de la névrose. Les traumatismes psychiques et relationnels, mais aussi les traumatismes physiques durant la Période primale (période fœtale, naissance, première année) s’inscrivent en nous sous la forme d’empreintes qui surdéterminent nos réactions physiologiques et psychologiques ultérieures. Les traumatismes de la naissance ont une place centrale en Primal car ils représentent une des phases les plus difficiles de l’existence avec souvent un enjeu de vie ou de mort. Le revécu de ces traumatismes sous la forme de Primals de naissance a un impact profond en termes de changement et de recouvrement de la santé.
Les principes du traitement
Pour Janov, le traitement de la névrose consiste à la prendre à rebours.
En partant du vécu actuel et des problématiques présentes et en désamorçant progressivement les défenses qui empêchent le sujet de ressentir, on parcourt les Chaînes Primales à travers l’Histoire du sujet afin d’atteindre les racines précoces de sa Souffrance Primale.
« Le but de la thérapie primale est de connecter les besoins du corps avec les souvenirs emmagasinés dans l’inconscient, afin de redonner au sujet son unité. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 65.
« La thérapie est une névrose à l’envers. Cela signifie que nous allons des événements récents aux événements précoces, d’une manière exactement opposée à celle de leur installation. » Arthur Janov, Primal Man, 1975, p 228.
« On ne peut sortir de la névrose que comme on y est entré : par la Souffrance. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 411.
« Nous essayons de découvrir, en un long processus, notre vérité personnelle, découverte qui nous fait toujours souffrir avant de nous donner une plus grande liberté. » Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, A la recherche du Vrai Soi, 1979, p 15.
La Thérapie Primale est une approche centrée sur l’historique du sujet.
« Toute approche qui ne tient pas compte de l’histoire est une illusion. » Arthur Janov, La guérison Primale, 2007, p 204.
« Celui qui n’a pas ressenti son histoire est condamné à la revivre. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 266.
La Thérapie Primale suit un Processus interne du sujet.
C’est un Processus qui est dynamique et progressif, par conséquent le thérapeute suit au plus près la trame du sujet et n’utilise pas d’exercices programmés.
Sur ces deux points fondamentaux (l’Histoire et le Processus) la Thérapie Primale est semblable à la démarche psychanalytique, en revanche la place accordée aux sentiments diffère car en Thérapie Primale les sentiments du passé sont au centre du Processus, ils ne sont pas seulement évoqués mais ils sont activement recherchés et intégralement revécus en sécurité.
La Théorie Primale place les sentiments au centre de sa démarche.
« La névrose est une maladie du sentiment. » Arthur Janov, Le Cri Primal, 1970, p 21.
« Ne pas pouvoir ressentir, c’est enlever son sens à la vie. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 28.
« Non seulement le sentiment guérit mais il donne du sens à la vie.» Arthur Janov, Le Nouveau Cri Primal, 1991, p 410.
« Nous sommes inhumains dans la mesure où nous sommes incapables de ressentir. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 111.
« Votre liberté s’arrête aux sentiments qui vous gouvernent. » A. Janov, Le corps se souvient, 1997, p 196.
« C’est de sa manière de sentir que dépendent, pour l’être vivant, tant ses jugements que ses réactions fondées sur ces jugements, c’est de sa manière de sentir que dépend sa vision des choses qu’on désigne habituellement par le terme d’image du monde. » Wilhelm Reich, L’analyse caractérielle, 1939.
« En psychanalyse la méthode des associations libres renforce les défenses intellectuelles contre les sentiments et la réalité, car tant qu’on s’exprime sur les sentiments on ne peut pas véritablement les ressentir. » Alice Miller, La connaissance interdite, 1988, p 221.
« La Thérapie Primale allie le sens des mots à la force des sentiments, car ce qui donne la force aux pensées et aux symptômes, ce sont les sentiments et les besoins qui les sous-tendent. » Thierry Carrasco, Conférence sur la psychothérapie de la Souffrance, 1990.
En Thérapie Primale, les sentiments ne sont pas seulement évoqués mais ils sont pleinement revécus sous la forme de Primals.
Un Primal consiste à revivre des sentiments, des sensations et des pensées dans leur contexte initial. Dans les revécus préverbaux, seuls les sentiments et les sensations sont présents.
« Il n’est pas toujours nécessaire de revivre des scènes ou des événements spécifiques. Quelquefois le sentiment Primal est en lui-même suffisant – il est lui aussi une mémoire historique, une excroissance de toute une vie d’expériences. » Arthur Janov, Prisonnier de la Souffrance, 1980, p 94.
Cette ré-expérience de la Souffrance est caractérisée par une adhésion totale du patient quant à sa signification. Elle met un terme au refoulement du sentiment, réduit le clivage du Moi (le Moi devient davantage réel), entraîne la production de compréhensions nouvelles (les insights), agrandit la conscience de Soi et enfin contribue au rétablissement de certaines fonctions corporelles, perturbées jusque-là par des symptômes.
« Discuter des sentiments est une chose mais les ressentir en est une autre. » Arthur Janov, Life Before Birth, 2011, p 154.
« Mais une chose est sûre : étant donné que l’enfant blessé en nous ne peut s’exprimer que par l’intermédiaire des sensations physiques et des sentiments relatifs à ses traumatismes, la thérapie doit à tout prix assurer l’accès à ces sensations et à ces sentiments. » Alice Miller, La connaissance interdite, 1988, p 228.